Hôtel Silence

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En retrait depuis 2017, la cinéaste canado-suisse Léa Pool revient au cinéma avec un film aux airs testamentaires, Hôtel Silence, adapté d’un roman de l’Islandaise Audur Ava Ólafsdóttir: un homme en bout de course part pour un pays à peine sorti de guerre, avec l’idée de s’y donner la mort. Sa rencontre avec les tenancier·ères de l’hôtel, jeunes gens revenus de tout, le détourne de ses idées sombres. Mieux encore: à force de donner des coups de main à gauche et à droite dans un lieu où tout est à reconstruire, le voyageur reprend peu à peu goût à la vie. Avec son didactisme désincarné et sa figure d’homme blanc venu secourir une population en détresse, le nouvel opus de Léa Pool semble issu d’un autre temps. On dira qu’il partage avec l’hôtel délabré qui lui sert de décor le même charme désuet. Toutefois, aucune nostalgie n’est à l’œuvre: la cinéaste croit si fermement aux cowboys solitaires venus faire le bien autour d’eux que cela en devient sincèrement touchant. Car en dépit des réserves émises, Hôtel Silence ménage, à la façon d’une partition musicale, des plages d’émotion pure, prouesse que l’on serait mal inspiré de prendre de haut. Ainsi, un panoramique sur un paysage de neige évoque à lui seul la mélancolie de son personnage, aussi vide que les terres qui s’étendent devant lui. Si la sobriété est une vertu, on appréciera également l’économie des moyens avec lesquels le village ravagé par la guerre est mis en scène. Tournées en Suisse et en France, la plupart de scènes peinent à faire illusion sur les dommages laissés par le conflit, de sorte que l’histoire semble se dérouler dans un nulle part que seul le cinéma est capable de créer. Les accents de cette fiction réparatrice n’en sont que plus universels.