Souleymane’s Story
Boris Lojkine, Frankreich, 2024o
Souleymane rast mit seinem Fahrrad durch die überfüllten Strassen von Paris. Der junge Guineer arbeitet illegal als Essenskurier und will in Frankreich Asyl beantragen. Er hat noch zwei Tage, um sich auf die Anhörung vorzubereiten, bei der er seine Geschichte überzeugend erzählen muss – ein Wettlauf gegen die Zeit.
Souleymane a en réalité deux histoires, la vraie et la fausse. C'est cette dernière, de nature politique, qu'il prépare à l'intention de l'Office français pour les réfugiés dans l'espoir de décrocher un permis de séjour. En attendant, ce jeune Guinéen vivote à Paris comme travailleur clandestin, livreur à vélo pour un salaire de misère dont il doit laisser une part à un compatriote à qui il emprunte son identité pour l'application gestionnaire. Et ce sont les 48 heures avant l'entretien fatidique que raconte ce film: encore une autre histoire, pleine de suspense et d'embûches à la suite d'un bête accrochage avec une voiture qui dérègle tout... C'est à une sorte de néoréalisme actualisé que nous convie le cinéaste français Boris Lojkine (Camille, 2019) dans ce film qui n'est pas sans rappeler la fameux Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica. Tout y sonne vrai, à commencer par le protagoniste Abou Sangare, distingué à Cannes alors qu'il se trouve lui-même en France en situation illégale. Et le souci esthétique n'est pas négligé pour autant. La grande habileté de l'auteur consiste à nous placer du côté de Souleymane tout en reconnaissant le problème de son mensonge, nécessité par sa situation de «migrant économique». Mais n'est-ce pas l'Europe elle-même qui les attire avec ce type d'emplois que personne d'autre n'accepterait? Et lorsqu'on finit par apprendre la vraie histoire de Souleymane durant le mémorable final, ce sont nos lois qui semblent désespérément inadéquates face à des situations et des personnalités individuelles. Un film fort, qui se moque des postures politiques des uns et des autres pour aider à mieux réfléchir.
Norbert Creutz