L’amour ouf
Gilles Lellouche, Frankreich, 2024o
Die 80er Jahre in Nordfrankreich. Jackie und Clotaire wachsen zwischen den Schulbänken und den Docks des Hafens auf. Sie studiert, er hängt herum. Dann kreuzen sich ihre Schicksale und es ist Liebe auf den ersten Blick. Das Leben versucht, sie zu trennen, aber es gelingt ihnen nicht, denn diese beiden sind wie die beiden Herzkammern desselben Herzens...
De l’édition cannoise 2024, on retiendra deux anomalies: Megalopolis de Francis Ford Coppola, chant du cygne d’un réalisateur emblématique du Nouvel Hollywood, et L’amour ouf de Gilles Lellouche, qui entérine la netflixisation du cinéma hexagonal avec une grandiloquence héritière du cinéma américain des années 1970. D’un côté, un anachronisme visionnaire; de l’autre, une fresque pressée d’en mettre plein la vue, notamment avec son casting aux airs de tableau de trophées où se mêlent entre autres les noms d’Adèle Exarchopoulos, François Civil, Alain Chabat et Benoît Poelvoorde, et somme toute assez sidérante: on croit avoir affaire à un pastiche des cinémas de Michael Cimino, George Lucas et Martin Scorsese par France Télévisions, soutenu par des moyens de production colossaux. Au début des années 1980, dans une ville portuaire du nord de la France, une lycéenne altière et un jeune délinquant filent le grand amour. Entraîné dans une spirale du violence, ébloui par l’argent facile, ce dernier se fait une place dans la pègre locale. Piégé dans un casse qui tourne mal, il paie le prix d’un crime commis par un autre. À sa sortie de prison, il essaie de recoller les morceaux d’une existence frappée par l’injustice et de retrouver son grand amour. On appréciera le film en tant que série B onéreuse: les multiples invraisemblances scénaristiques sont d’autant plus savoureuses au regard de la prétention affichée par la mise en scène et la pléthore de moyens investis. À la sortie du film, en 1980, l’échec commercial de La porte du paradis de Michael Cimino signait la fin de la lune de miel entre les réalisateurs du Nouvel Hollywood et les studios. Le succès public de L’amour ouf (près de 5 millions d’entrées en France) consacre quant à lui le mariage de raison entre cinéma et plateformes. Se muera-t-il en amour fou?
Emilien Gür